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"Certains sont déçus du coût des autographes et photos. Nous respectons votre opinion. Notre point de vue est le suivant : par exemple, pour 50 $ (laissez-passer weekend), vous avez accès au Comiccon pendant trois jours (plus de 20 heures). Vous pouvez assister sans autres frais aux conférences de nos invités pendant les heures de l'événement. De plus, nous vous offrons un festival d'horreur (HorrorFest) avec un éventail de projections, sans oublier la mascarade et plus de 500 stands d'exposants et d'artistes. Le choix de se procurer un autographe ou une photo demeure un choix personnel, et personne n'est obligé de débourser pour cela s'il/elle n'en a pas envie."
Le tout venait d'une vague de plaintes de festivaliers par rapport aux prix à la porte du ComicCon et aux prix pour avoir accès au sessions d’autographes des invités.
En toute honnêteté et en tant qu'ancien organisateur de convention, je dois donner raison au ComicCon de Montréal. Pourquoi suis-je de cet avis?
Comme je l'avais exposé lors de mon premier éditorial, Le monde des conventions vu par l'extérieur..., très peu de gens savent ou sont intéressés à ce qui se passe en arrière scène. Et c'est là en gros que le bas blesse.
La première chose à évaluer pour fixer le prix d'entrée d'une convention est le coût qui s'y rattache. Par exemple, faire une convention mineure de la taille de Cape & Kimono coûte environ 20 000$ et plus par édition. Imaginez alors les coûts qui se multiplient pour des conventions renommées telles Montréal ComicCon, Anime North ou Otakuthon. Les subventions, aides financières et commandites monétaires pour ce genre d'événement sont toute fin pratiquement inexistantes. L'argent doit donc être pris dans les profits de l'année précédente (s'il y a), à la vente d'espace aux marchands et artistes et à la vente de billets. Règle générale, les organisateurs vont tenter de minimiser le prix des laissez-passer car s'ils sont trop chers, personne ne viendra. Par contre, s'il ne sont pas fixés au prix minimum, c'est la faillite presque assurée.
Examinons un peu la liste des dépenses d'une conventions:
- Le ou les locaux qui accueilleront la convention pendant les deux ou trois jours. Les coûts varient entre 7 000$ pour un très petit hôtel à 150 000$ pour un centre des congrès, incluant les frais pour la sécurité et les honoraires des employés de l'emplacement (syndicats obligent !).
- Les assurances pour les trois jours de conventions. Ça varie entre quelque centaines de dollars pour une petite convention à des milliers pour une grosse.
- La location d'une ou de scènes pour les évènements spéciaux tel la mascarade, ce qui coûte 1 000$ et plus en règle générale (à moins de bénéficier de contacts).
- La location et/ou achat d'équipements sonores et visuels pour la ou les scènes, salles d'ateliers et salles de visionnements. Encore quelques milliers de dollars.
- La location ou l'achat de système et fournitures informatique.
- Les impressions (badges, affiches, flyers promotionnels, guides du festivalier, etc).
- La publicité dans les médias.
- Les invités. L'air de rien, c'est l'une des plus grosses dépenses des conventions. En moyenne, il faut leur payer un cachet (1 000$ et plus dans le cas des acteurs américains), leurs repas, le déplacement (généralement l'avion), l'hôtel (et rien de cheap je vous le garantis), ainsi qu'un compte de dépenses minimum pendant leur présence. (Fait vécu, si vous devez aller chercher votre invité à l'aéroport vers minuit, qu'il a faim pour des crêpes, qu'il faut que vous soyez rendu dans moins de cinq heures au site de la convention et que votre invité a envie de jaser, eh bien vous vous arrangez pour lui trouver un resto ouvert 24h qui sert à déjeuner et vous mettez une croix sur vos heures de sommeil !)
- Dans le cas de ComicCon, il faut payer le salaire des employés de la convention. Il est rare qu'une convention ait des employés mais pour eux, c'est bien le cas.
- Les différents droits d'auteurs et de diffusion.
- Le déplacement et le logement des membres de l'équipe qui viennent de l'extérieur de la ville.
- L'internet et l'électricité (généralement un frais à part de la location exigé par les centres de congrès et les hôtels.)
- Les différents accessoires et matériaux requis pour les activités.
- Et bien d'autres dépenses que j’oublie...
Soyons encore plus pragmatiques et comparons le prix d'entrée des conventions à d'autres divertissements, même si certains diront que je compare des pommes avec des oranges:
- Billet de spectacle d'un artiste de renom: En moyenne 120$ pour 2h ou 3h.
- Billet de spectacle pour un artiste mineur: En moyenne 50$ pour 2h ou 3h.
- Billet pour l’orchestre symphonique: En moyenne 35$ pour 2h ou 3h.
- Billet du Canadiens de Montréal : En moyenne 150$ pour 2h.
- Billet de cinéma: En moyenne 12$ pour 2h.
- Billet pour une convention : En moyenne 40$ pour 2 ou 3 jours...
Vous me direz probablement que ce n'est pas le prix de la convention seulement qui cause problème, mais tout les frais autour comme l'hôtel, le déplacement, la bouffe et même votre cosplay. Je vous réponds ceci: les autres formes de divertissement ont sensiblement les même coûts pour les consommateurs. Qui va au cinéma sans s'acheter de popcorn? Qui va à un concert sans allez au restaurant ou se payer une bière et un t-shirt? Et qui de l’extérieur de Montréal ne paie pas de transport ni d'hôtel pour aller voir un spectacle ou une partie de hockey? Oui votre cosplay coûte cher, (encore là, tout est relatif. Si vous allez à une convention pour flasher, c'est certain qu'il va coûter cher, sinon, si c'est seulement pour personnifier un perso que vous aimez avec des moyens maison, l'intention est là et vous pouvez avoir du plaisir quand même !) mais ce coût est accessoire.
Et si vous me dites que vous êtes simplement trop pauvre et que les prix sont trop élevés quand même, je vais vous répondre qu'un hobby et/ou une passion, ça se finance et que vous pouvez économiser afin de profiter pleinement de ce que vous aimez (Les conventions ne sont jamais annoncées à la dernière minute, donc vous n'avez aucune excuse !). Si faire un cosplay de moins par année, lire un peu moins de comics ou de mangas, ou de boire moins de bubble teas vous horripile au plus haut point, vous pouvez simplement être plus sélectif. Allez aux conventions que vous aimez vraiment au lieu d'aller à toutes les conventions. Par exemple, personnellement je ne me cache pas du fait que je ne vais aller seulement qu'à G-Anime et/ou Anime North dans les prochaines années. Ce sont les conventions qui me conviennent le mieux en tant que vieil otaku grincheux. Je ne me sens simplement plus ou pas à l'aise dans les autres conventions, même si la plupart sont quand même très bien. De plus, je n'ai plus les moyens et surtout le temps d'aller à toutes les conventions comme avant. J'ai simplement fait un choix par rapport à mes intérêts, mes amis, mon âge et mes moyens financiers.
Je veux revenir encore au coût des autographes. Pour nous, québécois, payer pour un autographe est quelque chose d'impensable, ce n'est pas dans notre culture. Par contre aux États-Unis, dans les conventions, c'est la norme. Les artistes, doubleurs et comédiens arrondissent leurs fins de mois en participant à des conventions. Pour eux, c'est un moyens d'avoir un revenu supplémentaire. Croyez-moi, la plupart de vos doubleurs, artistes de comics et comédiens de séries télés ne roulent absolument pas sur l'or. C'est aussi un moyen pour les conventions d'augmenter leurs profits en prenant un légère part sur les revenus des autographes et photos.
Donc avant de vous plaindre des coûts d'une convention, réfléchissez à ce que vous obtenez réellement de cette dernière. Si les activités et les invités ne vous conviennent pas, n'y allez simplement pas, même si le coût de la dite convention est très bas. Ça va envoyer un message beaucoup plus fort au organisateurs que de vous présenter et de bitcher ensuite entre vous et sur les réseaux sociaux. Si par contre le tout vous semble parfait pour vous, vous pouvez vous dire que 35$ à 50$ pour deux ou trois jours, c'est bien petit mal pour une fin de semaine remplie de souvenirs. Comme le disait l'équipe de ComicCon, rien ne vous force à débourser si vous n'en avez pas envie.
*Merci à Marie-Camille Carrier pour la collaboration.
