mardi 28 août 2012

Les dix mythes des festivals d'anime explosés au grand jour

Aujourd'hui je parle des dix mythes des festivals d'anime et croyez-moi, je me les fais remettre dans la face sur base régulière depuis cinq ans maintenant!  On parle ici seulement des festivals d'anime, incluant ConBravo! (qui est plus un festival de jeux vidéo).

Je les mets en ordre croissant, le numéro 1 étant le pire selon moi:



10:  C'est facile faire un festival


Sérieusement, c'est faux!  Ça peut-être vrai si on reste minimaliste mais il faut avouer que ceux qui veulent faire un festival ne pensent pas de cette manière quand vient le temps de mettre en place leur première édition et je m'inclus là-dedans!

Faire un festival est un deuxième travail, littéralement. Quand j'arrive de mon travail, je suis sur mon festival. Je prends un semaine de «vacances» pour pouvoir compléter G-Anime à temps.  Je suis toujours entrain de coordonner 3 millions d'affaires...

9:  Tous les organisateurs de festivals vont s'entraider entre eux


Un instant, je vais allez me rouler par terre et débouler les escaliers...



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*Bruit distant d'impact*
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Bon, je suis de retour!
Les festivals ne s'aident pas souvent entre eux, en fait, la plupart du temps, ils se nuisent plus souvent entre eux qu'autre chose. Parlez-en au festival X qui a publiquement accusé, sans preuves, le festival Y de détournement de fonds il a deux ans, tout ça en éclaboussant la réputation du festival Z ...  Je ne dis pas que c'est généralisé entre tous les festivals: ConBravo!, G-Anime, Cape et Kimono sont de bons exemples d'entraide mutuelle, mais ces exemples restent exceptionnels. Je ne vous parlerai pas de l'aide apportée du festival Naru2u car ils n'ont pas fait grand chose pour les autres. Ironiquement, les évènements commerciaux sont plus enclins à donner de leur aide et de leur temps. Les Comiccon  de Montréal/Ottawa donnent un coup de main à G-Anime. Je pense que certains festivals devrait se questionner sur leurs agissements et leur éthique envers les autres conventions semblables aux leurs.

Souvent, il arrive qu'un festival n'a pas les ressources pour en aider un autre. Otakuthon n'aide officiellement aucun festival. Par contre, beaucoup des bénévoles aident les festivals de leur plein gré. (Souvent, ces bénévoles font le tour des conventions durant l'année pour offrir leurs services, et ne sont donc pas associés qu'à un seul événement). Cette aide est toujours bienvenue et elle nous aide énormément durant le week-end. (Je me souviens d'une bonne amie qui nous a prêté une voiture pour allez en chercher une autre).

8:  Les otakus sont les meilleurs pour soutenir les organisateurs de festivals.  Tout se passera bien et on va s'amuser comme des gamins.


Oui on peut s'amuser avec l'élaboration d'un festival, mais les deux autres points sont d'une naïveté grave!
Pour commencer, organiser un festival, c'est comme être dans une cour de courtisans comme dans la légende des cinq anneaux (légende samouraï). La seule différence, c'est que de te faire seppuku (hara kiri) pour réparer tes erreurs, ce n'est pas possible et que Dieu sait que tu aurais besoin de cet échappatoire !

Il faut tout d'abord savoir que les otakus sont mésadaptés au niveau social (ou possèdent des lacunes à ce niveau) et ne réalisent pas qu'ils ne sont pas du tout en mesure de vraiment aider de façon efficace (sans faire de double check de ce qu'ils font) et beaucoup veulent obtenir le titre mais ne comprennent pas la portée de leurs responsabilités! (et souvent, ils ne prennent pas la critique, mais c'est une autre histoire). Ils vous font croire qu'ils travaillent, mais ils ne font rien et ils disparaissent (ne rapportent plus ce qu'ils font et où ils en sont rendus) et on se rend compte qu'on est dans la merde jusqu'au cou!

Vous allez peut-être tomber aussi sur des ambitieux qui veulent faire un coup d'état... J'ai moi-même passé à un cheveu d'en avoir un lors de ma première édition. Une des personnes qui s'était jointe à notre équipe me détestait et en faisait une vengeance personnelle ! Elle voulait me faire exclure démocratiquement de ma propre organisation que j'avais moi-même mise sur pied ! Elle en est finalement venue à la conclusion qu'elle n'avait pas les talents pour gérer le tout, que j'avais le support des pilliers (mes collaborateurs proches qui m'aident depuis le début) pour faire avancer ce festival et elle les aurait perdus si elle avait voté contre moi. De plus, quand elle a vu le travail colossal que je faisais, elle s'est ravisée à mon sujet. À la SAJG (c'est l'acronyme de notre organisme à but non lucratif, qui veut dire Société d'animation japonaise de Gatineau), il n'y a pas vraiment de "politicailleries", seulement des combats de coqs, mais ces situations sont souvent le lot de plusieurs conventions (il est question de pouvoir et d'influence à plus petite échelle, mais les Borgias ne sont pas très loin !) Eh oui, les festival sont souvent le lieu de négociations et de drames politiques de premier ordre (J'insiste sur le mot drame, car les otakus aiment bien faire en sorte qu'il y en ait tout plein). Je me souviens en 2011,  j'étais malgré moi témoin de l'évolution des prises de becs et de pouvoir, et je voyais les potins et l'information passer, sans que les festivaliers puissent en douter un instant !

Certains festivals sont notables (soit à cause de malchance, soit de façon délibérée) pour leurs intrigues politiques, juste suivre les derniers déroulements sont l'équivalent d'un vrai roman de suspense! :)
 

7: Les marchands vont se mettre à genoux pour venir au festival


Ah oui, vraiment? Vous savez quelle est la première réponse d'un vendeur?: "Combien de personnes vont à ton festival?"  Essayez d'y répondre lors d'une première édition.

Voici un autre exemple. Au départ, le Comic Book Shoppe d'Ottawa avais des réticences majeures à venir à G-Anime, au point où j'avais dû me résoudre  à ne pas les avoir au festival et même de n'avoir aucun support de leur part.
La situation a vite changé lorsque nous avons fait beaucoup de publicité intensive, accordé des prix compétitifs pour les tables ET affiché un professionnalisme impeccable, ce qui a sauvé la venue du CB au festival.

6:  Les marchands font fortune à tous les festivals


Encore là c'est faux, la majorité font ça pour la publicité ou pour le roulement d'inventaire. Oui certains sont rentables mais ce sont des exceptions.Un exemple est le Manga Store qui est un gros marchand à G-Anime (ils achètent beaucoup de tables) mais ne font aucun gain lors du festival. Mais ils acceptent de venir au festival malgré les efforts que ça demande ! Ce n'est pas tous les marchands qui sont capable de faire ça.

5: Toute la communauté va être heureuse et va vous appuyer dans vos démarches !


J'ai pas besoin de vous dire que c'est faux et en voici un exemple qui s'est passé il y a 4 ans déjà:
http://www.cosplay.com/showthread.php?p=2423658#post2423658

Si vous avez besoin de plus d'explications, vous avez de grands problèmes de bon sens.

4: Plus de festivals, c'est mieux!


Ce n'est pas parce que vous êtes prêt à vous déplacer pour assister à trois festivals par année que le reste des festivaliers vont le faire! De plus, les magasins ne se déplaceront pas pour un évènement aux trois mois dans la même région. Regardez le résultat dans la région d'Ottawa. Naru2u a perdu un paquet de marchands, tous ceux à qui j'ai parlé m'ont confié que c'était ridicule de venir deux fois en trois mois dans la même région. Si on perd des marchands, on perd de 60% à 75% des revenus pré-festival ! (Les conventions d'anime sont un cas à part dans le mode de financement, car la majorité de leurs gains se font lors de l'événement même, car très peu de gens se pré-inscrivent à l'avance, les revenus des marchands sont donc très importants).

De plus, en divisant les marchands entre festivals de la même région, ça nuit autant aux festivals qu'aux festivaliers. Moins d'assistance égale moins de vendeurs intéressés à venir. Moins de vendeurs et d'assistance égale moins de fonds de roulement !

Le Québec peut avoir a peu près 4 festival sérieux durant une année avec mes calcule.
La ville de Montréal peut maintenant avoir deux festival, temps qu'il offre quelque chose de différent.
La ville de Québec pourrais avoir un festival, a condition de pas être rouler par des amateur, vu le marché de la ville et son historique d'échec de festival (très nombreux depuis les années 90). Pour finir G-Anime à Gatineau. G-Anime est plus gros parce que il ce sert de la population de la ville d'Ottawa pour gonflé sont nombre de personne. C'est un peu comme si on avait un festival a Levis et que le monde de Québec y passerais.

3: Les invités vont faire la file pour venir au Festival!


Les invités doivent d'abord savoir que le festival existe, ça ne se fait pas du jour au lendemain. En plus, ceux qui vont accepter de venir veulent un salaire! Billets d'avions, hôtel et nourriture, c'est déjà un gros coup pour ces vedettes qui vous contactent, rajoutez à cela 2 000 à 3 000$ de cachet! Chaque invité devient risqué en termes de rentabilité car elles doivent attirer beaucoup de gens sans coûter trop cher au festival.

2: Des invités vont attirer des milliers de personnes


C'est vrai pour une comic con mais tellement faux pour un festival d'anime.  Les invités d'anime n'attirent qu'entre 5% et 10% de l'assistance totale à un festival et ça reste proportionnel quel que soit la taille du festival. Dans le cas d'Otakuthon, la renommée du festival fait que l'invité devient rentable car ils ont une grande affluence, mais pour les autres festivals comme G-Anime, ça devient beaucoup plus dur et quasi impossible pour un festival de moins de 1 000$ de budget.

1:  Les festival roulent sur l'or !


C'est tellement faux! Le nombre de festivals qui font des profits sont peu nombreux au Canada, et tout le monde pense qu'il devient facile de devenir aussi gros qu'Anime North et Otakuthon. Encore là, les coûts s'accumulent pour ces festivals, et leurs profits sont minimes. Je me souviens d'avoir lu un communiqué de presse d'Anime North il a quelques années déjà, quand le festival attirait entre 12 000 et 15 000 personnes. Ce communiqué disait que le festival avait remis tous les profits  de cette édition à un organisme de bienfaisance, un total d'à peine 8 000$. Un autre exemple, le cas d'Anime Evolution, ils ont fait faillite malgré une assistance de plus de 3 000 personnes chaque année.

À tous les jours, ont me dit que je fais du profit avec mon festival et que j'abuse des festivaliers. Sérieusement, j'ai 10 000$ de dettes que le festival me doit depuis les cinq dernières années. Certes, le festival n'a pas fait de pertes au cours des trois dernières années, mais il n'a pas fait aucun profit pour me rembourser ! Et je sais que G-Anime n'est pas le seul festival dans cette situation. Kita-kon à Thunderbay est dans la même situation, voire pire. L'assistance est telle que les organisateurs mettent des fonds de leurs poches pour payer l'hôtel qui reçoit la convention. D'ailleurs, ils viennent de transférer leur évènement dans l'université vu qu'il n'y a pas assez de monde.


Et voilà! On se revoit au prochain éditorial, sur les pires festivals et leurs histoires d'horreur.