lundi 8 octobre 2012

Omerta dans le monde des conventions

*insérez musique du Parrain*

Que diriez-vous si on vous disait qu’il existe une loi du silence dans le monde des conventions au Québec?

Avant de partir en spéculations, je vous dirais que ce n’est pas ce que vous pourriez croire. On ne parle pas ici de détournements de fonds, de corruption ou de fraude. L’industrie des conventions est relativement propre à ce niveau. Je n’ai que très rarement entendu parler de ce type de cas. Et généralement, quand il y a de tels manques, cela tient plus de la méconnaissance des règles et lois encadrant les organismes sans but lucratif que de la malhonnêteté. Je vous invite d’ailleurs à consulter le site du Registre des Entreprise du Québec à ce sujet.

Non. Ce que je dénonce aujourd’hui, c’est le climat digne des écoles secondaires qui règne chez les organisateurs de conventions. On parle ici d’intimidation, de harcèlement, de chantage, d’exclusion et même de racisme… et du fait que très peu sont prêts à dénoncer la situation, encore moins à la combattre.

Je vous parlais dans mon éditorial précédent; Le monde des conventions vu par l'extérieur...,de ces merdeux qui sont un cancer dans le milieu. Si vous me permettez de me citer moi-même: "Des gens qui ne foutent rien et détruisent le travail des autres au lieu d'avancer positivement... Tout ça pour avoir toute l'attention sur eux/leur événement et combler une espèce de besoin pervers...". Le problème est que cette minorité de personnes est belle et bien présente et décourage beaucoup de gens qui sont là pour les bonnes raisons...

Comment cela se produit-il?

À l'interne des conventions


C'est le festival du chantage et des coups de poignard dans le dos. Généralement, c'est une personne qui va décider d'entrer dans l'organisation de la convention, non pas pour partager une passion, mais pour se mettre de l'avant. Que ce soit volontairement ou non à ce point n'est pas vraiment important. Les problèmes vont commencer relativement rapidement par des crises de diva quand la dite personne n'a pas ce qu'elle veut et non pas ce qui est bon pour les festivaliers ou la conventions. "Foutez ces bébés dehors", me direz-vous sans même y réfléchir à deux fois... Eh bien, ce n'est pas si simple que ça. Les geeks et les otakus en particulier sont une communauté tissée très serrée, tout le monde se connaît de près ou de loin. À moins d'avoir un dossier en béton armé contre la ou les personnes, vous ne pouvez les mettre au pas ou dehors sans conséquences. L'onde de choc risque de se ressentir (ces personnes sont très actives sur les médias sociaux et sont très influentes en général dans leur entourage) et votre convention risque de perdre un peu de son prestige.

Il ne faut pas sous-estimer le fait que la plupart des gens sont trop timides ou ont trop peur d'être exclus ou ciblés pour se plaindre des agissements des fauteurs de trouble et même de perdre des amis s'ils le font. Qui a réellement le goût d'être la prochaine victime? Souvent, il arrive même qu'un fauteur de trouble devienne un leader (négatif) dans l'équipe et crée une clique. Sans vouloir traiter les gens de moutons, beaucoup de personnes vont avoir tendance à suivre quelqu'un qui a une certaine prestance. La personne va donc commencer à imposer ses vues et à prendre beaucoup de pouvoir dans l'équipe. Plus sa clique va grossir, plus son pouvoir va augmenter, plus les gens auront peur de se plaindre et commencera alors un pseudo règne de terreur avec tout le chantage et le harcèlement qui viennent avec.

Et si quelqu'un a le malheur d'essayer de mettre des bâtons dans les roues de cette personne, il risque de se produire un clash dans l'équipe de la convention. S'en suivra beaucoup de luttes intestines, de chantages, de sabotage et de coups de poignard dans le dos, de harcèlement et même de diffamation en public et sur les web. Tout pour planter et faire quitter ceux qui lui font obstacle. Je peux vous nommer au moins 3 conventions qui sont nées de telles divisions ou qui connaissent actuellement ce genre de problèmes.

Trois possibilités de scénarios par la suite:
  1. La personne va finir par être malgré tout mise à la porte et tout se termine bien.
  2. La personne est mise à la porte et s'en suit encore plus de problèmes et de drame.
  3. La personne reste et elle et sa clique finissent par prendre toute la place et à faire la loi.
J'ai trop souvent vu les situations 2 et 3 se produire.  
J'ai même personnellement vécu la 2 et s'en suivi: 
  • diffamation et médisance
  • harcèlement via les réseaux sociaux et dans la communauté (dans les magasins clubs et endroits ou les otakus de la ville se rencontrent)
  • sabotage lors de l'événement causé par l’individu et son groupe d'amis 

Cela a eu pour conséquence de faire quitter plusieurs membres clés et de mettre l'événement à genoux pendant un certain temps avant que l'équipe ne se renouvelle, sans parler de toute l'onde de choc dans la communauté. N'oubliez pas que les organisateurs sont bénévoles et le font par plaisir et passion !  J'ai même personnellement vu et/ou vécu du sabotage de logiciels qui assurent le bon fonctionnement de la convention et même du sabotage de sites web avec des virus ou un malware.  

La situation 3 est malheureusement un classique aussi. La personne et sa clique finissent par prendre tellement de place et tuent tellement l’ambiance que beaucoup partent, lui donnant encore plus de pouvoir pour carrément tasser les autres qui restent et qui ne sont pas d'accord avec elle... et ça, dans de grandes conventions. Dans ces cas, ce sont toujours les festivaliers qui écopent car ça déstabilise les fondations de l'évènement. La situation 3 a même apporté dans deux cas séparés des tensions raciales entre nos deux communautés linguisitques canadiennes (française et anglaise). Dans le premier, la convention a fini par exploser et disparaitre et dans le deuxième, les francophones ont, à toute fin pratique, été purgés de la haute direction et de l'organisation de la convention.

Ce qui nous amène à...
Entre les conventions:

Vous pensiez que ça se terminait à l'interne ?
La plupart des organisations sont en très bons termes. J'aime souvent amener l'exemple de Cape & Kimono, G-Anime et plus récemment Geekfest qui collaborent souvent ensemble de façon plus qu'harmonieuse. Pour vous dire la vérité, les organisateurs de conventions dans l'est canadien sont comme une grande famille. Ils se connaissent tous plus ou moins et en règle générale, à quelques exceptions près, ont de très bonnes relations entre eux.

Par contre, il existe bel et bien des conflits qui sont la continuité de la situation décriée plus haut. Une personne à problèmes qui a été exclue va souvent tenter de joindre une autre organisation ou tenter de créer la sienne, une autre preuve que la motivation personnelle de ces personnes est purement égoïste et qu'ils ne pensent pas du tout aux festivaliers en premier, car cela pousse les festivaliers à choisir un camp et dans les villes où chaque festivalier compte pour déterminer la survie d'un festival. Même avec toute la bonne volonté du monde, plusieurs festivaliers ne peuvent se permettre les deux conventions. De plus, les bénévoles aussi seront divisés car il n'ont pas le temps en général pour deux évènements, c'est la mort annoncé d'une des deux conventions. Il ne peut pas y avoir deux conventions à thématique semblable visant le même bassin de festivaliers qui peuvent survivre à long terme dans la même ville. C'est l'escalade des conflits: la rancœur et le négativisme de ces personnes infectent alors un autre groupe de personnes qui n'ont aucun rapport au problème premier qui n'ont aucune référence ou idée de ce qui s'est passé avant, sinon les sources contradictoires de leur entourage proche. Résultat: un groupe se tourne l'un contre l'autre sans même que rien n'ait été fait. Le fauteur de troubles a quant à lui une plus grosse tribune. On a alors droit à de la médisance par marchands, festivaliers ou invités interposés, du plagiat, et même des chicanes de clochers pour tout ou rien. Ou pire encore...

Par exemple, la réputation d'une convention X avait tellement été mise à mal par certains membres d'une convention Y pour de fausses raisons qu'elle n'avait plus d'endroit où avoir lieu et avait perdu un gros commanditaire. Pour se racheter, la convention Y offre à la convention X de l'héberger sous certaines conditions, qui sont acceptées et signées. Les membres problématiques de la convention Y reviennent à la charge et forcent la renégociation deux semaines avant l'évènement de toute l'entente avec la convention X à leur avantage en menaçant d'annuler tout.

Ou encore, certains membres d'une convention Y ont appelé les festivaliers à boycotter la convention Z pour avoir défendu la convention X et les avoir fait mal paraître, ce qui a résulté en une baisse d'achalandage de la convention Z.
Je pourrais vous parler aussi d'organisateurs de conventions qui allaient faire de la médisance aux commanditaires, bénévoles et marchands de l'organisation "rivale" avant ou lors du festival afin de saboter leurs efforts.

Nous savons tous que la machine à rumeurs est très forte chez les festivaliers. J'ai eu vent et vécu des cas où certains organisateurs se servaient de leur statuts et des médias sociaux pour harceler et diffamer d'autres organisateurs de leur équipe ou d'une convention "rivale". On parle d'allégations graves, du genre des insinuations de détournements de fonds par exemple.

Il y a des dizaines d'autres exemples que je pourrais faire, notamment sur les problèmes qu'ont certaines conventions à vouloir faire respecter un minimum de bilinguisme, ou en s'affichant unilingues et s'attirant des problèmes de l'autre côté linguistique. 

Edmund Burke disait: "Pour que le mal triomphe, seul suffit l'inactivité des hommes de bien." C'est là tout le noyau du problème... Tout le monde sait ce qui se passe et personne ne dénonce.

Plusieurs raisons motivent cette lâcheté: la peur de perdre des amis ou d'être exclu(e), ou simplement la passion pour leur projet ou la peur de faire tomber le statu quo, car dénoncer pourrait amener plus de problèmes.
La situation est telle que de moins en moins de gens s'impliquent et les événements meurent à petit feu, le tout pour satisfaire les pulsions narcissiques d'un ou deux individus ou d'une petite clique triée sur le volet.

Moi je dis assez!
  • Assez de protéger vos "amis" par peur d'être le prochain à recevoir les calomnies de ceux qui vous reprocheront de vous être tenu debout pour vos convictions. Ce n'est pas de l'amitié ! Vous valez mieux que ces personnes.
  • Assez de ne rien dire pour éviter d'empirer la situation. Ça n'ira jamais mieux ! 
  • Assez de cautionner des actes bas et dégueulasses parce que dans le fond ça pourrait tellement être pire... Vous les encouragez à descendre plus bas encore ! 
  • Assez de donner la bénédiction à n'importe quel diable parce qu'il vous donne une convention. D'autres peuvent le faire et encore mieux !
  • Assez de vivre dans la peur du prochain drame ! Organiser une convention, c'est un hobby et ça devrait être plaisant !

Je le dis. Geeks et organisateurs de convention du Québec, insurgez-vous contre ce genre d'attitude et de pratiques et dénoncez-les!!! Il faut que ça cesse. Il faut que les passionnés reprennent le contrôle de vos conventions et non pas les divas. Il faut éviter la mort de la scène des conventions !

P.S. Si le chapeau vous fait, mettez le. 

*Merci à Marie-Camille Carrier pour l'édition du texte et pour l'aide à la rédaction.